Oui oui, il y avait effectivement une brasserie à Breux ! Cependant, c’était il y a très longtemps et il n’en reste plus qu’un nom officieux d’un lieu-dit, des noms des brasseurs, des dates, peut-être des vestiges et peut-être même … un linteau !
On vous présente les pièces que nous avons trouvées.
La brassine
Dans son excellent livre Breux, son histoire et sa seigneurie de 1899, François Houzelle écrit:
“ Les actes de l’état civil nous rappellent souvent qu’il y avait une brasserie à Breux ; mais rien, la tradition exceptée, ne nous indique son emplacement. Le cadastre lui-même ne nous fournit aucun indice : les géomètres ont négligé de donner aux premiers pâquis au nord du village la dénomination de « Brassine », mot patois de Brasserie, que seule la tradition, fidèle écho du passé, leur a conservée. L’emplacement de la brasserie se serait donc trouvé sur le ruisseau de Breux, à peu près à mi-distance de la Vieille-Ville à Esclapy.”
Nous avons pu spécifier cet emplacement. Selon les gens du bout-haut, la Brassine est située entre le Trou Jardin (l’ancien verger juste à l’extérieur du village, après les conteneurs, à droite) et la fontaine du Paquis / Margusson juste avant le Bochet.
Jean Marc Chevalier écrit que «apparement il y a d’anciennes fondations dans la roselière située non loin de la fontaine».
Les brasseurs
On a trouvé le métier de brasseur à Breux dans de nombreux documents. La première mention est celle d’un «Jeanson» au début des années 1600 (Registres des actes de l’état civil). Dès lors, la profession passe de père en fils J(e)anson pendant plus d’un siècle:
- “Janson” – le premier brasseur, commencé avant la naissance de son fils Jean en 1637
- Jean Janson (1637-??) – brasseur
- Jean “le Jeune” Jeanson (1667-1715) – marchand et brasseur
- François J(e)anson (1689-1739) – laboureur et brasseur
- Marie Janson (1728-1772) et Jean-Baptiste Vincent (1726-1802) – laboureur et brasseur (la sœur de Marie, Nicole Janson, était brasseur à Valansart)
Après 1800, le métier de brasseur n’apparaît plus dans les archives. Sauf dans une déclaration d’une certaine Catherine Vincent de 1843, qui déclare que son père (Jean-Baptiste Vincent) était brasseur à Breux.
A partir de cette époque, on ne trouve plus de Janson à Breux. En revanche, il y avait nombreux de Vincents, dont des aubergistes et des distillateurs …
Les Vincents
Il y a une ligne direct du dernier brasseur Jean-Baptiste Vincent et la dernière habitante de la maison dite Vincent au bout-haut, très proche de la «Brassine» :
- Jean Vincent, fils du brasseur Jean-Baptiste Vincent et Marie Janson – laboureur (1757-), père de:
- Albert Vincent (1787-1868) – laboureur, père de:
- François Vincent (1820-1901) – laboureur, père de:
- Henri Vincent (1851-) – laboureur, père de:
- Firmin Joseph Vincent (1872-après 1936), cultivateur et père de:
- Madeleine Vincent (1901-1980) – né et décedé dans la maison Vincent, épouse de Yvan Jacques (1900-1978), cultivateur-aubergiste, parents de:
- Jacqueline Pireau née Jacques. Jacqueline est née dans la maison Vincent mais, avec son mari Henri Pireau, habitait la maison natal de son père Yvan (maison-ferme-café); Yvan et des génerations Jacques avant lui sont nés dans cette « maison Jacques », actuellement habitée par Mikael et Pauline Charlier-Robert.
Le linteau
Jusqu’au XVIIIe siècle, les maisons en pierre faisaient exception. Les plus anciens linteaux datés de la région datent alors d’après 1750. A Breux il en existe un d’avant cette année: 1734 (30 Grande Rue, la fenêtre).
Avant le XVIIIe siècle, seuls les bâtiments importants étaient en pierre: châteaux, églises, moulins et usines comme les brasseries. Un bâtiment en pierre était souvent une obligation pour les brasseries, pour la prévention des incendies. La brasserie de Breux était donc probablement un bâtiment en pierre. Cela correspondrait également aux fondations en pierre que l’on peut apparement encore voir aujourd’hui.
Comme mentionné, la brasserie est commencée juste avant 1637 et tombée en désuétude vers 1800. En 1837, les habitants du bout-haut construisent eux-mêmes un lavoir au pied du Bochet. Parmi eux la famille Vincent, résidente du bout-haut depuis très longtemps.
Il est plausible qu’on a réutilisé des pierres de l’ancienne brasserie, à deux pas de la fontaine, mais cela ne peut être prouvé.
Un peu plus tard, vers 1860, François Vincent, arrière petit-fils du dernier brasseur, convertit trois maisons en une ferme au bout-haut, la « maison Vincent » (55 Grande Rue). Et c’est dans cette maison que l’on trouve quelque chose de remarquable: un linteau datant de 1633, monté au-dessus d’une porte beaucoup plus récente et probablement placé là lors de la rénovation.
Il y a alors de chance que cette pierre provienne de la brasserie et ait donc été réutilisée par les Vincents, descendants des brasseurs de Breux, dans leur maison familiale, où le linteau reste encore visible aujourd’hui.